Observatoire des prix fruits et légumes 2024

22 juillet 2024

Familles Rurales, l’une des principales associations de défense des consommateurs et 1er Mouvement familial publie, pour la 18ème année consécutive, son Observatoire des prix des fruits et légumes. Il porte sur un panier de 9 fruits et 10 légumes frais, conventionnels et bio et a comme objectif de donner aux consommateurs les clés de lecture pour opérer des choix éclairés particulièrement en cette période où 1 personne sur 2 déclare « renoncer » à certains aliments faute de budget suffisant . 

Les principaux résultats 

I / Le prix de notre panier conventionnel de fruits et de légumes en baisse de 6,9% en 1 an alors que celui de notre panier bio reste stable (-0,2%). 

Entre juin 2023 et juin 2024, le prix de notre panier de fruits a baissé de 5 % en conventionnel mais augmenté de 2 % en bio. Entre juin 2023 et juin 2024, le prix des légumes a baissé de 9% en conventionnel et de 3% en bio. Une baisse des prix à relativiser au regard des niveaux avant crise : une hausse de 25% entre 2021 et 2023.

II/ Suivre les recommandations de santé publique en consommant au minimum 400 grammes de fruits et légumes par jour et par personne représente un coût de 66€ à 241€ par mois selon le type de panier composé

En juin 2024, pour respecter le PNNS (Programme National Nutrition Santé) sur la base de notre panier composé de 19 fruits et légumes, une famille de 2 adultes et 2 enfants a dû dépenser entre 130€ et 241€ (soit entre 9,3% et 17,3% d’un SMIC net mensuel) 

En ne retenant que les 5 fruits et légumes les moins chers de notre panier d’été, la même famille a dû dépenser entre 66€ (pour les fruits et légumes conventionnel) et 94€ (profil bio) par mois (soit entre 4,7 et 6,8% d’un SMIC net mensuel) pour respecter le PNNS 

III/ Une baisse préoccupante de la consommation de fruits et légumes : -8% entre 2020 et 2023 quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle

Sur 10 ans, l’augmentation du prix des fruits (50%) et des légumes (70%,) en net décrochage avec l’évolution du salaire moyen par tête (+22%), a contribué à la précarisation alimentaire de 10 800 000 personnes.  

De mauvaises habitudes alimentaires également en cause : 80% des maladies cardiovasculaires pourraient être évitées notamment en revoyant la composition de nos assiettes  et en consommant au moins 400 grammes de fruits et légumes par jour et par personne. Même les plus aisés semblent ne pas l’avoir suffisamment « conscientisé ».

 

Prévenir plutôt que guérir : pour un plan « manger sain »

Fort de ces constats, Familles Rurales s’indigne du choix de soigner plutôt que de prévenir. Non seulement cet arbitrage politique coûte cher à l’Etat  mais de surcroît il conduit chaque jour nos enfants, parents, grands-parents à subir des soins qu’ils auraient pu éviter.  

Le Mouvement demande aux parlementaires et décideurs politiques d’engager un « plan manger sain » pour redonner du pouvoir d’achat, rendre accessible à tous une alimentation saine et ainsi éviter des pathologies coûteuses en dépenses de santé publique.

 

Familles Rurales propose 6 mesures d’urgence

Au niveau national :

1. La mise en œuvre d’un « Bouclier Qualité Prix » (BQP), déjà effectif en Outre-mer, visant à sacraliser un panier composé d’une cinquantaine de produits sains tant pour notre santé, pour notre environnement que pour notre pouvoir d’achat dont les prix seraient plafonnés et garantir son accès aux plus précaires via une allocation dédiée

2. La transparence sur les marges et la taxation des marges excessives afin de ne pas compromettre l’accès des consommateurs aux produits sains pour leur santé. 

Les derniers chiffres publiés par l’OFPM – Observatoire de la Formation des Prix et des Marges révèlent en effet, qu’en 2021, c’est notamment grâce aux bénéfices du rayon fruits et légumes : + 247 millions d’euros après impôts que la grande distribution a couvert les pertes de son rayon boulangerie / pâtisserie : - 65 millions d’euros . Pour Familles Rurales, la logique est inversée. Il faudrait précisément pousser les marges des produits les plus transformés puisque moins bons pour notre santé à la faveur des fruits et légumes dont chacun a besoin quotidiennement et en quantité

3. L’abandon des « sur-marges » imposées par la loi (seuil de revente à perte + 10%), loin d’avoir fait la preuve de son efficacité en termes de meilleure rémunération des producteurs, il pèse lourd sur le pouvoir d’achat des consommateurs.

4. Une plus grande implication des professionnels de santé pour accompagner les parents dans leur rôle éducatif y compris après la phase de diversification alimentaire. Si les pères et mères semblent sensibles à l’équilibre nutritionnel des tout-petits, dès l’âge de 3 ans, cette conscience semble s’atténuer dangereusement puisqu’un enfant sur 10 seulement consomme les portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement .

Au niveau communautaire :

5. L’ouverture aux activités extra-scolaires, des financements européens qui existent pour promouvoir les produits dont les enfants ont besoin pour « bien grandir ». Des financements sont disponibles mais très peu utilisés par la France  car réduits au seul cadre scolaire.

6. L’interdiction des publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés, trop salés. A défaut, l’obligation, sur le même support et dans des tailles équivalentes, de faire concomitamment à la promotion d’un produit transformé / ultra-transformé celle d’un fruit ou d’un légume.